Douze chapitres

Un jour, Georges s’approcha si près du vide qu’il tomba Ă  l’intĂ©rieur.

Georges ferma Ă  nouveau les yeux et regarda au plus profond de ses paupières. Il y avait bien lĂ -bas au fond quelqu’un qui s’amusait Ă  allumer et Ă©teindre une lampe torche. Impossible de se souvenir. Un court, deux longs, un court ?

Georges finit sa pause et se remit Ă  son poste. Il ouvrit le logiciel et commença Ă  taper sur le clavier : « 22 street co & industry » ; « road incorporating 23 » ; « skate skateboarding spirit 19K65». Il n’Ă©tait qu’Ă©criveur contractuel pour l’industrie du prĂŞt-Ă -porter.

Georges Ă©tait toujours en train de tenir la pyramide humaine, quand il dĂ©crĂ©ta la grève. Le travail ne reprendrait qu’à la condition d’une modification de l’article 42.2 par la commission – celle relative aux Ă©quipements et Ă  l’entretien du matĂ©riel. Les tenues des camarades du deuxième Ă©tage n’avaie,t pas Ă©tĂ© lavĂ©es depuis la dernière planification. Seulement, les employĂ©s prĂ©posĂ©s aux amendements Ă©taient occupĂ©s Ă  maintenir le quatrième Ă©tage. En vue d’entamer les discussions, Georges dĂ©cida donc que la pyramide se dĂ©placerait jusqu’au palais.

La loi sur les rétrécissements zoologiques était adoptée et Georges souriait. Il allait pouvoir ouvrir son magasin de micronimaux.

Georges pleurait au milieu du centre commercial. Il avait perdu son chien. Un agent de sĂ©curitĂ© lui proposa alors de devenir son chien Ă  mi-temps. Il dĂ©cidèrent que ce service ne pouvait faire l’objet d’une rĂ©munĂ©ration et devinrent des icĂ´nes de la sociĂ©tĂ© gĂ©nĂ©reuse. Georges ne pleurait plus.

Georges poussait son caddie quand cela lui revint. Il lâcha le charriot dans l’allĂ©e et sortit du supermarchĂ© en courant. Il monta dans sa voiture, boucla sa ceinture et partit en trombe dans le sens inverse de circulation du parking. Il s’en voulait et klaxonna sans faire exprès en tapant sur son volant. Il avait oubliĂ© de rĂ©nover les chiens.

Georges n’Ă©tait pas fan d’Alain Barrière mais de la chanson « Ma vie » d’Alain Barrière. Il aimait tellement la chanson qu’il contacta le CSA afin de crĂ©er une radio qui la diffuserait 24h/24, 7j/7. C’est ainsi que naquit « 193.5 MA VIE ». 193.5 comme l’annĂ©e de naissance d’Alain. Il fallait lire « mille neuf cent trente-cinq » sans le point mais bref Georges n’avait pas pu faire autrement.

Georges avait indiquĂ© son avis sur l’application. Il s’installa sur son canapĂ© et attendit les rĂ©sultats de la mĂ©tĂ©opinion. Ce jour lĂ , la prĂ©sentatrice commenta quelques ondĂ©es sociales sur le golf du Lion.
Il faisait moche alors Georges décida d’en finir d’une façon ludique grâce à l’encyclopédie Wikipédia. Il cliquerait sur « article au hasard » jusqu’à tomber sur l’article de la mort. Malheureusement, Georges mourut d’épuisement avant de tomber sur la page. Il faisait toujours moche.

Georges avait dépensé tout son argent en boisson alors pour ses ses cadeaux, il emprunta quelques ouvrages à la bibliothèque et les emballa soigneusement.

C’Ă©tait un Ă©tĂ© chaud, trop chaud pour Georges. Alors il avait eu l’idĂ©e d’installer cette bille anti-transpirante dans son jardin. Georges avait travaillĂ© Ă  son installation une semaine durant. Elle Ă©tait belle mais le premier passage de Georges sur la bille lui fut fatal. EnrobĂ© de liquide, il finit par ne plus pouvoir sĂ©crĂ©ter une seule goutte de sueur. En quelques heures, l’eau monta en Georges et il se noya Ă  l’intĂ©rieur de lui-mĂŞme.