La suite de Frioul

 

Mai 2023 (34 ans).

Il s’agit d’une rambarde constituée de deux pieds métalliques verticaux, plantés à une profondeur d’un mètre certainement et fixés par un bloc de béton. Un tube horizontal relie les sommets des deux verticaux par des soudures en arc de cercle. Cette rambarde-là est située au point culminant de l’île de Ratonneau dans l’archipel du Frioul. Appuyé contre elle, on voit une partie du port, les mâts des bateaux et peut-être quelques bars-restaurants saisonniers. En face, l’île d’If, son château, ses tours et son phare. À gauche, Marseille et Notre-Dame de la Garde, les massifs qui les dominent. Dans notre dos, le chemin de randonnée, le calcaire, la végétation protégée, un chemin, un autre, une falaise et en contre-bas une plage et la Méditerranée, d’abord turquoise puis bleu-bleu. Au-dessus, les goélands et encore au-dessus les avions et encore au-dessus le ciel, le soleil et puis plus rien.

Cette rambarde n’a pas toujours été là. Elle comporte des sections plus brillantes, côté chemin, et une trace produite par la boucle de ceinture de Pascal. Pascal venait de la Loire et il photographiait sa seconde femme. Il y a aussi eu Alessandro qui a griffé la rambarde avec le caillou le plus pointu du monde. Aujourd’hui, il y a Aurélie, un cavalier King Charles de trois ans qui découvre la rambarde par le flanc.

Avant d’arriver là, Aurélie est sortie d’un appartement situé sur les pentes de Lyon. Elle a pris un métro orange, un métro rouge et un métro bleu et puis un TGV à Gare Part-Dieu. Elle s’est ensuite endormie sur les jambes d’Elma et Everest puis elle s’est réveillée. Elma et Everest se sont concertés et ils ont fini par lui donner discrètement des petites chips à grignoter. Arrivée sur le parvis de la gare Saint-Charles, Everest lui a mis une laisse et toute la famille est descendue dans une location du quartier du Panier. Sur les murs on pouvait lire qu’il fallait mettre Airbnb dehors. Aurélie n’a pas compris, Elma et Everest ont culpabilisé et puis ils se sont rassurés en se promettant de consommer local. Le lendemain matin, Aurélie a découvert le Vieux-Port et un spectacle de rue en attendant le bateau de la RTM (Régie des Transports Métropolitains). Elle n’a pas payé pour embarquer, ni pour visiter le château d’If. Elle a croisé un groupe d’enfants avec des casquettes rouges à qui Everest a dit hola chicos. Depuis les bras d’Elma, Aurélie a vu les graffitis des bagnards dans les pierres mais elle n’a pas pu lire les panneaux sur le comte de Monte-Cristo. Elle n’a pas salué l’équipage du bateau menant les touristes d’If à Ratonneau mais elle a regardé dans la direction d’Everest quand il a taquiné Elma sur les compliments du capitaine. En descendant du bateau, Aurélie a profité d’un bol d’eau proposé par le bistrotier du Pub Marina. Elle a ensuite enfoui le museau dans un massif d’astragale le long du sentier qui la menait vers le sommet. Everest l’a prise dans ses bras sur les parties escarpées, tenue en laisse sur les sections fréquentées puis détachée au moment du panorama, Aurélie a aboyé les goélands qui nichent sur les rebords des falaises et attiré ceux qui veillent dans le ciel, leur vol a effrayé tout le monde et fait tomber Everest de la rambarde. Il faut imaginer cette page s’embuer de rouge du haut vers le bas.

Mai 2024 (35 ans).

Elle revient en prenant le TGV et elle s’interroge sur ses lunettes de soleil. Est-ce que c’est trop cliché ? Une personne ayant perdu son copain peut-elle porter des lunettes de soleil et regarder le paysage défiler par la fenêtre d’un TGV ? Est-ce qu’une veuve avec des lunettes de soleil peut regarder une fenêtre qui porte une étiquette demandant justement aux passagers de prendre le temps de regarder le paysage ? Aurélie est là aussi. Elles sont assises au second étage de la rame et occupent deux carrés silencieux avec la famille et les amis qui accompagnent le pèlerinage à la rambarde de l’archipel du Frioul et archipel est un mot magnifique. Et il fait beau sur l’archipel et Elma pleure des larmes chaudes dans l’archipel. Elma se dirige vers le port, bras dessus, bras dessous avec sa maman et Aurélie ne comprend rien aux tragédies et elles arrivent dans un bar et Elma mange une crêpe avec du beurre et du sucre et elle ne fume pas de cigarette et la troupe paye pour cette crêpe et la tournée de cafés. Tout le monde se dit que c’est très cher, même pour de la moyenne saison et on passe à côté du village-vacances et le cousin dit que c’est moche et tout le monde rigole et Aurélie pisse. On finit par aller voir la plage et on se dit qu’elle est belle et on emprunte le chemin qui mène vers le sommet. On monte et la meilleure copine prend la main d’Elma et elles marchent comme ça et Elma se gratte le bout du nez et les goélands sont dans le ciel mais elle s’en fout et tout le monde est là sauf la rambarde.

Mai 2026 (37 ans).

Elma connaît bien le chemin : trois métros, une gare, un TGV, une autre gare, un autre métro, un bateau. Cette fois-ci elle est accompagnée de la meilleure copine et d’Aurélie qui a un peu grossi. Elma arrive pour une enquête alors avant de commander quelque chose au Pub Marina elle montre une photo récupérée dans l’album d’internet d’un homme qui se prénomme Pascal.

Avez-vous déjà vu cette rambarde ? Pardon ? Avez-vous déjà vu cette rambarde ? Il ne comprend pas, il rigole, il prend la photo. Mon copain est mort il y a deux ans et elle était là. Oh, mince. C’est une photo que j’ai récupéré sur l’album d’internet de quelqu’un et je suis sûre que c’est elle. Ben… Quoi ? Ben j’en sais rien moi, c’est une barrière quoi. Il est gêné. Des barrière, y’en a plein ici, y’en a plein partout. Elle fronce. Mais oui votre photo elle a l’air d’avoir été prise ici, après à savoir si c’est une barrière que je connais… Ce que je peux vous dire c’est que oui c’est un peu le même genre de barrière que celles qu’on a sur l’île quoi. Non mais ça je sais bien et puis c’est une rambarde, pas une barrière ; une barrière, c’est pas la même chose enfin c’est légèrement différent, bref je vous parle de cette rambarde-là, précisément, est-ce que vous l’avez déjà vue ? J’en sais rien moi mais pourquoi vous voulez savoir ça ? Elle fronce encore. J’en sais vraiment rien de rien, après je peux demander derrière. Elle défronce. Je vais leur demander mais ils vont vous dire la même chose que moi. Elle regarde un bateau. Je reviens avec quelque chose ? Quoi ? Je vous mets quelque chose à boire ? Un café, une boisson, une crêpe ? Un perrier s’il vous plaît. On a pas de Perrier, on a de la Badoit rouge ou de la Badoit verte, les grosses bulles ou les petites bulles. Une rouge. Et pour vous madame ? Un Coca. Et le petit chien là, je lui amène quelque chose ? Vous voulez dire pour Aurélie ? Han, c’est drôle c’est le prénom de quelqu’un que je connais. Juste un bol d’eau et des chips. Je lui mets les chips dans un bol aussi ? Non, vous pouvez lui donner le paquet et elle se débrouille. Avec ses petites pattes ? Oui c’est ça avec ses petites mains de chien. Je vous amène ça et je leur montre la photo.

La Badoit verte, le Coca de madame, le bol d’eau et les chips. J’avais commandé une badoit rouge. Que voulez-vous, les grosses bulles sont parties. Tenez votre photo. Mais vous l’avez toute froissée enfin ! Désolé, il y avait un peu d’eau sur le comptoir. Mais ce n’est pas la mienne, je l’ai prise sur son album d’internet de quelqu’un ! Désolé madame, de toute façon avec ce soleil, ça va sécher. Si vous le dites. Et les collègues, ils disent la même chose que moi, votre barrière, votre rambarde, vous la retrouverez pas. Les rambardes, ça-va-ça-vient, surtout sur les îles. Elle fronce. Putain.

Mai 2030 (41 ans).

Take risks, trust yourself and your dreams will come true. C’est ce que dit la chemise devant elle dans la file d’attente des toilettes. Elma descend du TGV sans sa meilleure copine (qui n’est plus sa meilleure copine) et sans Aurélie (qui est morte – mais ça va elle n’y pense plus car cela fait déjà deux ans). Elma a arrêté son enquête quelques mois après sa dernière venue. Elle vient juste à Ratonneau pour déposer une petite fleur comme on le fait parfois le long des routes pour les motards. Elle enlève ses écouteurs, elle les met dans son sac, elle commence à marcher. D’abord prendre la route moche qui longe le village vacances. Han, ils ont rafraîchi les façades mais ça fait toujours aussi sale. Ils laissent toujours leurs poubelles le long de l’hôtel, c’est dégueu. Les gens doivent le dire sur google. Quatre étoiles. Ils ont dû se mettre des étoiles eux-mêmes. Quatorze avis. La moins bonne note : trois. Oh mon petit Everest.

Elma quitte enfin la route moche et monte avec sa fleur Ă  la main. Elle monte encore. Elle monte. Elle.

Elle retire ses lunettes. C’est une rambarde toute brillante avec des filins métalliques. Ils l’ont encore changée. Elma sort son téléphone et commence à photographier la rambarde. Elle en prend d’abord une de face en se mettant le plus loin possible sur le chemin. Elle en prend une deuxième et une troisième, toujours de face mais en se rapprochant un peu à chaque fois. Elle s’écarte ensuite sur la gauche et photographie la rambarde de biais. Elle fait pareil sur la droite. Elle met le téléphone dans sa poche arrière et regarde la rambarde avec les mains sur les hanches puis elle se rapproche. Elle passe la main dessus et s’arrête sur une petite rayure qu’elle gratte du bout de l’ongle. Elle sort son téléphone, ouvre l’appareil photo et touche à l’endroit de la rayure sur l’écran pour bien faire la mise au point. Elle se recule parce qu’elle était trop proche. Elle en prend quatre comme ça. Elle passe la main sur le filin supérieur et appuie dessus avec la paume pour en éprouver l’élasticité. Elma s’accroupit et prend une nouvelle photo du filin pour bien voir les fibres mais ça ne rend rien. Elle balaie avec sa semelle l’endroit où le tube métallique s’enfonce dans le sol et prend une nouvelle photo. En balayant encore un peu on voit se dégager un petit bloc de béton. Elle aime les rambardes ?

Je vous ai fait peur ? Bonjour. Bonjour. Je vous demandais si vous aimiez les rambardes. Oui, enfin non je regarde quoi. Mais vous la preniez en photo non ? Oui-non-comme-ça-quoi. Je dis ça parce que je m’occupe des rambardes sur l’île. Mais nan ? Si regardez c’est écrit sur le badge. Ah oui c’est écrit sur le badge ; vous devriez l’accrocher à votre cou avec une cordelette. Vous voulez dire un cordon ? Oui. Et vous travaillez ici depuis combien de temps ? Trois ans. Je sais que c’est une question bizarre – enfin peut-être pas de votre point de vue, je veux dire, si vous gérez des rambardes – mais vous savez quand est-ce qu’elle est arrivée celle-ci ? Celle-ci, l’année dernière. Parce que je me demandais ce qu’il y avait ici, avant, comme genre de rambarde. Un autre modèle mais elles sont toutes parties. Et encore avant, vous vous souvenez de ce qu’il y avait ? Aucune idée, c’était avant que je sois recruté. Ah. Oui. Et vous pourriez vous renseigner ? Sur quoi ? J’ai mené une enquête mais je n’ai jamais pu la retrouver, la rambarde qu’il y avait ici avant que vous n’arriviez. Il faut vous suivre vous. Vous pouvez le savoir ? Oui, je peux regarder dans le registre des rambardes. Vous avez un registre des rambardes ? Oui, enfin c’est un tableur Excel de ma confection mais c’est relativement robuste. On croit toujours qu’il faut des logiciels spécialisés pour tout mais, comme je le dis toujours, rien ne vaut un bon tableur, bien construit, c’est moins cher et plus souple.

Mai 2038 (49 ans).

Huit ans qu’elle n’est pas venue. Elle n’a pas envie de descendre du bateau. Elle ne sait pas ce qu’elle fout ici, elle est de mauvaise humeur et Bercy la fait chier. Ta gueule Bercy. Il lui fait tout un cinéma depuis six mois parce qu’il ne se sent pas légitime sur l’île. Il ne se sent pas à sa place, il ne sait pas comment gérer son histoire, quoi en faire. Il la comprend bien sûr mais tu sais, chat, que ce n’est pas facile pour moi non plus. Je ne sais pas où me mettre, quoi dire, je ne sais pas si je dois la fermer ou t’aider ou te prendre dans mes bras et te câliner ou me barrer ou te suivre ou n’importe quoi. Dis-moi ce que je dois faire, parle-moi, il faut que tu m’aides un peu sinon on ne va pas y arriver. Et bien sûr, je te le redis, ça n’enlève rien au fait que j’ai envie d’être là avec toi. Déjà parce que cet endroit est magnifique ; il faut le dire quand même. Et surtout parce que je t’aime et que je veux être là pour toi, rien que pour toi.

Alors qu’il doit juste la fermer, Bercy continue de parler.

Attablée au Pub Marina, Elma finit par lui sourire après un compliment. Il se lève et s’approche en faisant une moue d’enfant. Elle le prend dans ses bras en restant assise. Son dos se décolle légèrement de la chaise et la position n’est pas confortable. Son cou est tout tendu, tiré par son menton posé sur l’épaule de Bercy. Elle n’a pas envie et puis il fait chaud et tout le monde colle et toute la terrasse les regarde. Bercy finit par se comporter comme s’il était en vacances. Il commente le nom du bar qu’il juge impersonnel et le jean du serveur qu’il trouve drôle. Il dit que c’est quand même joli ces petits bateaux sur le port.

Regarde-la, elle va se gaufrer en descendant du pont. Ah nan. Et voilà, le petit bateau repart. Putain ça tape. Il faut prendre ce petit chemin-là ? Celui-là là ? Han la mouette, elle vole vachement bas. Pourquoi tu me regardes toi ? Je n’ai rien contre les mouettes moi, je ne veux pas te faire de mal mais toi c’est moins sûr. Oh, je te n’ai rien fait moi ! Elle doit avoir peur pour ses petits je pense. Regarde elle nous suit pour nous éloigner. C’est pour ça qu’elle nous suit. Eh mais ça tape vraiment hein ? Je peux te prendre le sac ? Merci. Je vais mettre ma casquette et boire un petit coup d’eau moi. Tu en veux ? Tu veux un petit gâteau ?

Elma avance et s’approche de la rambarde. Elle fait vibrer le filin et elle se tait et Bercy aussi. Elle dit des mots à Everest dans sa tête. Elle dit des mots à la rambarde. Ça fait au moins six ans qu’elle a abandonné son enquête. Un jour le responsable des rambardes lui a envoyé le registre des rambardes. Elle a vu le voyage de la sienne et les quatre points par lesquels elle est passée. Quand on les relie tous sur la carte, ça donne deux petits virages. Peut-être qu’un jour cela dessinera un cœur. Elle devrait écrire au responsable et lui en demander plus. Elle devrait la chercher, l’attraper ou l’acheter pour la faire fondre et la compacter en un petit bloc qu’elle pourrait enterrer ; mais tout le monde trouverait ça bizarre. Alors il faudrait peut-être le faire mais sans le dire mais il y a Bercy qui s’est remis à parler. Il vient de comprendre que l’île est un ancien fort militaire.

Mai 2054 (65 ans).

Il y a Elma qui descend le pont du bateau de la RTM (Régie des Transports Métropolitains) suivie de deux enfants et de Bercy. C’est presque comme leur grand-mère. Elle ne pense plus à la rambarde depuis quelques années et il y a juste une petite fleur dans son sac pour Everest. Dans son sac, il y a aussi deux étuis à lunettes (un pour les lunettes de soleil, un autre pour les lunettes de vue), un paquet de mouchoir et un long portefeuille. Elle est là pour visiter l’île, ce qu’elle n’a jamais fait. Alors Bercy installe tout le monde à la terrasse d’un bar qui était le Pub Marina mais qui porte désormais un autre nom.

On se déplace vers la petite cabane. On ne sait pas vraiment ce que l’on doit faire, ni qui l’on attend mais on reste proche du groupe de touristes qui était là avant nous. De toute façon, il ne doit pas y avoir quarante mille visites, surtout en mi-saison, nan ? Bercy a chaud. Et puis finalement il y a une jeune femme qui arrive avec une casquette et elle dit qu’on est les bienvenus et que si tout le monde est là alors on peut y aller. Alors on part et on la suit et elle explique que ça fait partie du parc des calanques et qu’il faut faire bien attention à la flore et ne pas s’écarter du sentier. D’accord ? Elle parle du moyen-âge, elle parle des carrières et des ouvriers, de la marine nationale et des nazis. Bercy fait une blague mais personne ne rit.

Il se rattrape. Mais alors ça fait combien de temps qu’il y a du tourisme sur l’archipel ? La guide répond que c’est une très bonne question car l’île a toujours bénéficié d’un statut particulier. Les constructions que vous voyez ici, ou celles que nous avons longées avant d’arriver sur le chemin, ont toutes reçu un agrément. L’installation du moindre panneau ou l’arrivée de n’importe quelle rambarde est contrôlé et il faut dire que la classification Natura 2000… Comme si toutes les rambardes étaient pareilles ! Elma se met à pleurer. Pardon ? Je dis que vous parlez des rambardes de manière très générique alors qu’il en existe plusieurs types et que dans ces types elles sont toutes très différentes. Oui, vous avez certainement raison. Elma se rappelle qu’elle n’a jamais répondu au responsable des rambardes et se demande où est-ce que la sienne se niche désormais. Elle n’est donc pas de très bonne humeur lorsqu’elle redescend vers le port mais elle tient quand même la main  d’un des enfants. La fleur est toujours dans son sac.

Mai 2086 (97 ans).

Everest n’est plus là, la meilleure copine n’est plus là, Aurélie n’est plus là, Bercy n’est plus là et Elma est là à moitié. On pose un bouquet, on dit que c’est vraiment magnifique. C’est vraiment magnifique, hein ? Et on lui demande si elle n’a pas trop chaud. Tu n’as pas trop chaud, non ? Sinon tu dis, hein ? Personne ne voit qu’Everest dit des mots au sujet des rambardes. Elma est soulagée. Elle comprend que les objets, bien qu’agentifs, ne sauraient être tenus responsable des évènements. Elle comprend également que les mathématiques ne conjurent pas l’oubli et que les cicatrices sont des traces, les traces des blessures et les blessures des sortes de rêves. Elle se dit qu’elle devra raconter tout ça dans le carnet et puis ça s’évanouit quand on lui demande si elle a soif. Sinon tu dis, hein ?

Mai 2150.

Et il n’y aurait plus rien qu’une vieille rambarde posée au sommet de l’île de Ratonneau dans l’archipel du Frioul. En contre-bas, le port, en face le château d’If et sa tour, à gauche Marseille, Notre-Dame de la Garde et les massifs brûlés. Autour de nous il y aurait le calcaire, il resterait les falaises et la Méditerranée, le ciel et le soleil et puis c’est tout.